À l'unisson

Isabelle Leduc

24 juin – 6 septembre 2023

J’ai toujours fait des croquis […]
et finalement j’ai trouvé qu’avec […] la gravure, je retrouvais cette chose, le croquis,
avec une possibilité de continuer dessus, si la matière le permet.
Jean Paul Riopelle

J’aime construire une oeuvre, cette étude de formes quasi abstraites et des couleurs.
Isabelle Leduc

Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie.
Henri Matisse

Cet été au Centre, deux expositions où chantent la matière et la couleur alors que se rejoignent dans l’allégresse des gravures de Jean Paul Riopelle, signataire du Refus global, et des bas-reliefs d’Isabelle Leduc, fille de Fernand Leduc et Thérèse Renaud, cosignataires également du manifeste. Deux haltes vivifiantes où vous ressourcer.

À l’occasion des célébrations du Centenaire de Riopelle, 12 D’où ce que tu sors? propose une sélection d’eaux-fortes imprimées à Val-David à l’atelier du Scarabée de Bonnie Baxter. Riopelle était séduit par la gravure qui lui permettait d’essayer différentes combinaisons et de revenir à la liberté de croquer sur le vif la couleur, la ligne. Lors de son retour au Québec, il développe une importante collaboration avec Bonnie Baxter pendant une dizaine d’années, de 1985 à 1993. À partir d’une série d’épreuves et des plaques présentées côte à côte, un parcours est proposé au spectateur : une histoire, un enseignement, un compagnonnage. Pourquoi donc, sinon que dans l’espoir de rendre visible l’intime cheminement de l’art de graver, son processus, un travail sur la différence et la répétition d’un geste, un rituel unique et multiple exercé par cet artiste prodige, Riopelle. Dans l’entrelacs, des Coquelicots (2005) de la série d’impressions numériques de Baxter initiée en 1993 sont exposés en écho au projet Mouchetache amorcé avec Riopelle mais inachevé. Faire comprendre, mais plus encore développer le désir d’en savoir davantage, de voir plus loin, de scruter au fond même de la nature à travers ces chemins d’estampes qui deviennent mémoire d’un savoir-faire, riche d’enseignement, porteur d’avenir.

À L’UNISSON d’Isabelle Leduc met de l’avant des oeuvres fraîchement sorties de l’atelier. Depuis plus de quarante ans, la peintre-sculpteure travaille le papier et la couleur, créant des bas-reliefs aux réminiscences anciennes où la force chromatique vibre et anime l’espace. Chez elle, la matière et la couleur inséparables chantent et enchantent ces formes archétypales. L’une incarne l’autre, et vice-versa. Cela s’emballe, rejaillit sur nous. Les séries modulaires irradient et dynamisent l’espace qui se transforme sous l’action colorée. Sa pratique portée par l’esprit automatiste et cette heureuse histoire de filiation d’une enfant du Refus global insuffle de la joie. À la suite de la COVID, Leduc amorçait une nouvelle série de reliefs, chacun étant composé de deux parties accolées qu’elle désirait baptiser « Touche-moi ». Les voici, ces accords de pensées et de sentiments font partie maintenant d’À l’unisson.

Au plaisir de vous accueillir.

Manon Regimbald